séléction de Carole Lemans
doctorat sur le potentiel de l’architecture contemporaine de chaume et de roseau
_Définition
- Étymologie et polysémie
Par chaume, nous désignons le matériau de couverture qui résulte d’un savoir-faire spécifique. Ce terme est paradoxalement plus connu par son holonyme, la chaumière. L’habitation tire son nom de la matière première, car l’appellation polysémique chaume, du grec calamus désigne de fait, une diversité de tiges creuses de la famille des graminées. Toutefois, la majorité des couvertures sont aujourd’hui réalisées en roseau commun. - Présentation du savoir-faire
Le principe d’une couverture de chaume s’illustre par le recouvrement d’une première rangée de tiges, accrochées à la charpente, par une seconde rangée protégeant les accroches de la première. Ainsi, la réalisation d’une couverture de chaume s’exécute toujours du bas vers le haut. En son sommet, le faitage se décline en différentes techniques. On retrouve les iris plantés très populaires, mais aussi le béton de ciment, de terre, de chaux ou encore la tuile faitière.
_Echantillon

Cet échantillon a été réalisé à l’occasion d’une mission de médiation dans une école primaire en agglomération de Caen, au printemps 2021. Néanmoins, il est compliqué de proposer un fragment réaliste de chaume échelle 1. Sur chantier, les tiges de roseau sont posées entières, ainsi elles sont fixées en plusieurs points. Pour avoir un aperçu de la technique, il est nécessaire d’accompagner cet échantillon d’une coupe sur l’ensemble d’un pan de toiture, ci-jointe, extraite de l’ouvrage de l’Association Nationale des Couvreurs Chaumiers, (2012), Recommandations techniques pour la construction de toitures en chaume. Le roseau utilisé provient de l’estuaire de la Seine, coupé par la famille Bellamy. Cette ressource est par ailleurs disponible à l’école pour les expérimentations.
_Podcast

De la roselière à l’architecture contemporaine commenté par Carole Lemans
Dans un objectif de communication des enjeux contemporains, il semble plus pertinent de vous partager la série documentaire « De la roselière à l’architecture contemporaine », réalisée sous forme de podcast en trois épisodes par l’architecte Anne-Claire Jestin. Nous y retrouvons trois acteur·rice·s phares du réseau du chaume en France.
- Anne Brasselet, employée du PNR de Brière depuis novembre 2018 pour une mission de 3 ans dans l’objectif de coordonner un programme d’actions et de recherches, portant sur les dégradations fongiques prématurées, en collaboration avec les artisan·e·s, les habitant·e·s et les collectivités. (Episode 1)
- Patrice Leray, artisan du chaume et plus particulièrement un des derniers récoltant·e·s de roseau de Brière. Au-delà de son engagement dans la préservation d’une économie locale française, Patrice Leray s’investit également au côté d’architectes de l’agence Forma6 sur la conception de dispositifs techniques innovants, valorisé récemment par les Fibra Award. (Episode 2)
- Hervé Potin est architecte co-fondateur de l’agence Guinée et Potin à l’origine d’un des premiers ERP français exploitant le chaume dans une expression contemporaine. Par ailleurs, la vêture de chaume de bâtiment est souvent utilisée pour illustrer la promotion des matériaux biosourcés, lors de dossier thématique ou conférence. Son succès participe à la promotion de ce matériau aux capacités expressives innovantes outrepassant nos perceptions héritées de la chaumière conte de fées. (cf photo du centre de découverte de La Roche-sur-Yon) (Episode 3)
Jestin, A.-C. (s. d.). De la roselière a l’architecture contemporaine, Dans [En]quête d’architecture
_Conférence
« Roseau, chaume et chaumière »
A l’occasion de l’exposition «Architecture en fibres végétales d’aujourd’hui» présentée à la Maison de l’architecture de Normandie à la fin de l’année 2020, rencontre et échanges en ligne avec Carole Lemans.
« Pourquoi faire une recherche sur le roseau ? », cette conférence vous présente les enjeux de la filière du chaume en France. Ces connaissances sont le fruit d’une enquête de terrain initié en 2017 auprès des détenteurs et détentrices du savoir-faire soit les artisan·e·s du chaume, salarié·e·s des PNR et les récoltant·e·s. En seconde partie, seront présentés succinctement les travaux de recherche et d’enseignement en cours.
_Référence contemporaine
Issue d’un processus d’écoconception, de nombreuses stratégies aux ambitions écologiques sont observables. Le point qui nous intéresse ici concerne la vêture de chaume. Les intentions à l’origine de ce choix sont doubles. Le chaume est choisi pour une composition majoritairement continuité de fibres, sous-entendu biosourcé, mais plus précisément comme étendard politique de l’exploitation de cette ressource. Le roseau prolifère dans les zones humides appelées roselière. L’entretien de ces espaces tampon est décisif dans l’équilibre de nos écosystèmes et dans le traitement des eaux déversées dans les océans. Hors parcelle agricole, ce point singulier démarque le chaume des autres matériaux biosourcés, au-delà de sa capacité d’absorption du carbone, par une pousse rapide de la plante. Toutefois, sans entretien ces espaces évoluent en boisement, en se densifiant par la prolifération de leurs rhizomes. La conception de cette maison cherche par ailleurs à valoriser les déchets de fibres dans des cloisons préfabriquées isolées en vrac de roseau, une première en France.
Maitrise d’oeuvre : Atelier CAZ’eco et RizHome
Artisan chaumier : Philippe Luce
Année de construction : 2019-2021
Surface : 110m2
Localisation : Savenay, 44260 Loire Atlantique
Légende:
- Roseaux
- Bois douglas
- Fibre de bois
- Liège expansé
- Parpaing
- Béton de ciment
- Fermacelle
- Photovoltaïque
- Roseaux vrac
- Brique de terre crue
- Poêle à bois
- Phytoépuration
Pour en savoir plus…
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Carole Lemans (22 novembre 2021). FOCUS 02_Chaume. Ressources Naturelles Renouvelables, Climat & Architecture. Consulté le 9 novembre 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/trpy